Night crime ; Vesper & Alcide

Il devait être 2 heures du matin. Le ciel était dégagé, mais il commençait à faire frais. Alcide, relevant le col de sa veste sur sa nuque, continua d'avancer à travers les rues mal éclairées de Dayton. Il avait fini par s'habituer au véritable labyrinthe que formaient ces innombrables artères du quartier, à force d'y courser les criminels et tout simplement d'y vivre depuis maintenant douze ans. Il connaissait leur odeur âpre de bitume, de sueur et d'ordures mêlées. Il connaissait le grésillement caractéristique des lampadaires des rues les plus larges, l'obscurité presque qu'angoissante de celles les plus étroites. Mais Alcide n'était pas du genre à fuir ces allées-là, au contraire. Son métier, on pourrait même presque dire son instinct le poussait à se rendre dans ces ruelles mal famées, justement parce que c'était là que ce qu'il y avait d'intéressant se produisait. Ce soir, Alcide était de ronde de quartier. Il était donc prêt à aller et venir à travers les rues, à l'affût de toute chose suspecte, prêt à bondir si le moindre voleur pointait le bout de son nez. Pour le moment, il faut bien le dire, c'était le calme plat, et Alcide s'ennuyait ferme. Cela faisait maintenant trois heures qu'il montait la garde comme un bon chien-chien sans qu'il ne se passe rien d'alléchant. Mais il restait sur ses gardes : la nuit était loin d'être terminée. Il jeta un coup d'oeil machinal à son compteur. 0000 : 00 : 0 : 18 : 46 : 17 Les chiffres fluorescents brillaient légèrement dans la nuit. Il rabattit la manche de sa veste par dessus, et fut de nouveau plongé dans l'obscurité de la ruelle dans laquelle il se trouvait. Avant de commencer sa nuit de travail, Alcide avait englouti plusieurs tasses de café, histoire d'être sûr de rester bien éveillé, même s'il avait cette boisson en horreur. Il n'aimait pas son goût trop fort, et finissait toujours par rajouter trois morceaux de sucre à sa tasse pour pouvoir avaler le breuvage. La fin justifie les moyens...

Enfin, Alcide finit par tomber sur quelque chose d'intéressant ! Au détour d'une rue, qui donnait sur une petite placette au centre de laquelle on avait allumé un feu dans une poubelle pour s'éclairer, plusieurs personnes étaient réunies. Elles discutaient, buvaient, bref à priori rien de méchant. Sauf qu'Alcide, en tant que Time Keeper, remarqua bien vite que ce qui n'avait en apparences rien d'illicite dissimulait en fait plusieurs personnes en train de jouer à un jeu de transfert. Un jeu "à zéro", ce qui est interdit. Ce n'était pas aussi réprimandé qu'un vol de temps, bien entendu, mais cela demandait l'intervention des autorités. Alcide s'approcha donc du groupe en pointant son insigne de Time Keeper. Était-ce vraiment nécessaire ? La majorité des personnes ici présentes avaient reconnu sa profession rien qu'à la façon dont il était habillé - mieux que ce que la plupart des habitants du 12 pouvaient se permettre - et surtout à sa tête, qui ne leur était plus tout à fait inconnue depuis le temps. Alcide sépara les deux joueurs et vérifia leurs compteurs de temps. La loi voulait qu'il redistribue entre eux le temps afin qu'ils aient chacun le même montant, puis qu'il leur en confisque la moitié afin de les réprimander pour s'être prêté au jeu. Alcide s'exécuta donc, sous les messes-basses insultantes vociférées de-ci de-là à son encontre. Personne n'aimait les Time Keepers, à Dayton. Alcide s'y était fait. On les traitait souvent de tous les noms à leur passage. Ces personnes avaient simplement de la chance qu'Alcide ne soit pas du genre à faire du zèle et à les arrêter pour outrage à Time Keeper. En fait, ce genre de procédure l'agaçait plus qu'autre chose. Contrairement à d'autres, il ne prenait aucun plaisir à arrêter des habitants à tout va juste pour quelques petites insultes. Il n'aimait pas ce genre de pratiques. Lui, ce qui l'intéressait vraiment, ce qui le faisait vibrer, c'était de poursuivre des voleurs. De vrais criminels. Honnêtement, il se fichait que quelques uns soient assez bêtes pour risquer leur vie dans un fichu jeu. Et s'il avait eu une nuit plus mouvementée, il leur aurait certainement fichu la paix. Seulement, c'était la première activité de sa soirée, alors il avait bien fallu marquer le coup !

Une fois que tout fut rentré dans l'ordre et qu'il eut séparé le groupuscule de joueurs, Alcide rangea son insigne et reprit sa ronde. Il soupira en regardant une fois de plus son compteur - décidément, il trouvait le temps long, ce soir. 0000 : 00 : 0 : 18 : 24 : 39 Il rabaissa sa manche, et continua d'avancer. C'est à ce moment-là qu'il entendit des éclats de voix. Cela venait de la ruelle sur sa droite. Il tendit l'oreille ; on pouvait clairement entendre la voix de plusieurs hommes. Et peut-être aussi celle d'une femme. Oui, il y avait définitivement une femme avec eux. Et à en juger par ce qu'ils se disaient, ça sentait le roussi pour elle. Il entendit un bruit sourd, comme si quelqu'un s'était pris un coup. Ou peut-être avait-on jeté quelque chose contre un mur. « Alors, on ne sourit plus, ma jolie ? On ne dit plus rien ?... Tu vas regretter d'être tombé sur moi, je te le dis ! » Alcide n'entendait pas toute la conversation d'où il était, mais ce qu'il percevait était suffisant pour qu'il sache à peu près à quoi s'en tenir : une femme était en train de se faire agresser. S'approchant discrètement de l'entrée de la ruelle dans laquelle se passait la scène, il prit son arme en main, et en ôta la sécurité.

NIGHT CRIME - Alcide & Vesper

Les pas de Vesper résonnaient dans les rues désertes de Dayton. La nuit était déjà bien avancée, et l'endroit était des plus lugubres avec ses lampadaires qui étaient à deux doigts de rendre l'âme. Il fallait être fou pour se promener dehors à cette heure ou simplement avoir une très bonne raison. Dans la zone 12 le temps était rare et les attaques fréquentes, poussé par des instincts de survie animalier. La conscience disparaissait au fur et à mesure que le compteur se vidait. C'est pour ça qu'en cette nuit, Vesper n'avait qu'un très faible compteur : 0000 : 00 : 0 : 07 : 38 : 14 soit un maigre butin pour quelconque voleur qui se serait aventuré dehors en cette heure. C'était une mesure de sécurité comme une autre, la jeune femme avait appris à être prudente et connaissait les ficelles du métier, le reste de son temps était à l'abris avec Lullaby. Pourquoi prendre de tel risque ? Elle n'en avait aucune idée, c'était une habitude comme une autre lorsque le sommeil fuyait ses nuits. Certains boivent pour oublier la galère qu'ils doivent subir au quotidien, Vesper n'avait besoin que de grands espaces et d'un sentiment de liberté. Un léger vent monta faisant frisonner la jeune femme, qui serra sa veste contre elle alors que ses pensées s'envolèrent. Elle n'était pas du genre à se poser des questions futiles ou à se plaindre de son sort, mais en cette soirée elle se sentait terriblement seule. Au fond à qui pouvait elle parlé depuis qu'Adam n'était plus là ? Lullaby ? Non, son amie était trop fragile pour encaisser les paroles qui lui traverseraient l'esprit. Sa vie n'était pas des plus faciles, elle était une voleuse, un parasite en quelques sortes dépouillant les autres, mais elle n'avait pas le choix, et cette idée la réconfortait. Elle avait des valeurs contrairement à beaucoup, elle ne dépouillait jamais qui que ce soit jusqu'au Time Out, lui laissant toujours les moyens de se relever. Vesper lui laissait le choix et des possibilités.

Son corps se tendit d'un seul coup et ses sens s'éveillèrent poussé par un instinct des plus sommaires. Des pas lourds martelaient le sol dans son dos. Elle était suivie. La jeune demoiselle accéléra le pas discrètement, se maudissant de ne pas les avoir entendu avant. Elle tourna brusquement dans une ruelle, les silhouettes noires la suivirent. Elle se mit à courir mais un mur bloqué la ruelle. Elle était piégée, comment avait elle pu être aussi bête ! Elle connaissait les rues de cette ville par coeur et elle s'était trompée. Vesper se retourna vers ceux qu'elle définissait comme futurs agresseurs. Son coeur rata un battement : L'homme d'hier soir. Elle recula, son dos heurta le mur de béton froid. Un rire strident résonna, alors que la jeune femme déglutissait. Il prit la parole alors que ses amis commençaient à l'entourer: « Alors, on ne sourit plus, ma jolie ? On ne dit plus rien ?... Tu vas regretter d'être tombé sur moi, je te le dis ! ». Un homme saisit un bras de Vesper, ce qui la fit hurler. Ils empestaient l'alcool et cherchaient la vengeance, en plus court : ils étaient dangereux. Elle frappa violemment l'un des agresseurs, le faisant ainsi reculer de plusieurs pas. Elle n'avait pas leur force, mais elle n'allait pas se laisser faire si facilement. Vesper défia l'homme qu'elle avait dépouillé la veille du regard : « Regretter quoi ? D'être tombé sur un abruti ? ».

Il était tombé dans le panneau, troublé par sa beauté et déjà s'imaginant les choses qu'il pourrait faire avec elle. Un homme parmi tant d'autres, pourtant il semblait mieux habillé que la moyenne, un met de choix pour une voleuse de la trempe de Vesper. Elle n'avait usé que peu de ses charmes pour le séduire, un regard par-ci, un sourire innocent par-là. Il était le genre d'homme à vouloir montrer sa supériorité, surement le chef d'un groupe. Il ne se méfiait pas des femmes, pourtant il aurait dû. Dans un moment de faiblesse, d'attirance, enivré par l'alcool, Vesper l'avait dépouillé des trois quarts de son temps, sans le moindre remords, avant de s'enfuir le laissant ainsi incrédule. Elle avait été négligente, mais son inconscient lui avait hurlé à plein poumons de partir au plus vite.

L'air commençait à lui manquer, sa respiration s'accélérait sans pour autant atteindre un débit d'oxygène raisonnable. On la tenait fermement à la gorge, contre le mur. De ses mains fines, elle tentait de défaire cette étreinte, mais c'était peine perdue, elle n'avait pas le tiers de sa force. Sa tête commençait à tourner lorsque le sol se déroba sous ses pieds. On venait de la lâcher violemment. Elle se retrouva face contre le sol, toussa comme elle pouvait. « Encore envie de faire la maligne ? ». On lui asséna un coup de pieds avant de la relever, un homme à chaque bras, face à son tortionnaire. Elle se débattait comme elle le pouvait, sa vie en dépendait. On lui arracha sa veste laissant ainsi son compteur à l'air libre avec les minutes, peut-être les dernières de sa vie, qui défilaient. « Je vois que tu as quelque chose qui m'appartient. ». Ses doigts frôlèrent la peau de la jeune femme. En guise de réponse, elle lui cracha dessus.

Alcide s'avançait doucement, à pas feutrés, dans la pénombre de la ruelle. L'obscurité n'était pas pleine ; de là où il était, il pouvait clairement distinguer les silhouettes de quatre personnes, sans pour autant pouvoir voir le détail de leurs visages. Trois hommes et une femme. Ils devaient être à une vingtaine de mètres devant lui, la ruelle n'étant pas large mais relativement longue, comme une sorte de couloir exigu et sans issue. Plus il s'approchait, mieux il entendait ce qu'ils se disaient. Le cri de la jeune femme ne lui échappa pas non plus. Pourtant, il n'était pas question qu'il accoure dans leur direction, ni qu'il se mette à ouvrir le feu tout de suite. Cela ruinerait l'effet surprise et flanquerait par terre le seul avantage dont il disposait pour l'instant : il savait qu'ils étaient là, eux ne savaient encore rien de sa présence. S'il y avait une chose qu'Alcide avait apprise en douze ans sur le terrain, et surtout sur un terrain comme Dayton, où la férocité des criminels est reconnue de tous - on est toujours plus dangereux, quand on a rien à perdre et tout à gagner - c'est que tout avantage est bon à prendre. Ici, il avait beau être armé, et à priori, pas eux, ils restaient supérieurs en nombre. Et ils n'avaient pas l'air d'être des gringalets de première, faciles à maîtriser. La prudence était donc de mise. Par ailleurs, il souhaitait être absolument certain de bien comprendre la situation avant de s'y plonger lui-même.

Pourtant, à aucun moment Alcide ne se dit qu'il valait mieux qu'il appelle des renforts. C'était pourtant la procédure à suivre, normalement. Mais Alcide et les procédures, c'est comme le Coca-Cola et les Mentos, ça ne fait pas bon ménage. Le grand brun était plutôt du genre à foncer droit devant, la tête la première. Cela ne signifie pas qu'il ne réfléchit pas avant d'agir, au contraire. Mais il est vrai qu'il se laisse porter par son instinct et son impulsivité, qui ne lui ont jamais fait défaut pour le moment. Il a eu certes chaud aux fesses plus d'une fois, mais pour lui, cela fait partie du métier. Et c'est dans ce genre d'instants qu'il se sent vivant. Lorsque l'adrénaline prend possession de son système sanguin, lorsqu'elle s'insinue dans chaque muscle, lorsqu'il ne sait pas de quoi la minute suivante sera faite, lorsqu'il ne sait même pas si minute suivante il y aura. Et c'est ainsi depuis douze ans. Depuis que son frère a quitté ce monde tordu et mal fait. Alcide a peu à peu comblé le vide qu'avait laissé Alistair derrière lui en se focalisant sur l'intensité de ce genre de moments, en leur courant littéralement après.

« Encore envie de faire la maligne ? » Alcide vit clairement le coup de pied qu'on asséna à la jeune femme, car il était maintenant à cinq mètres du groupe tout au plus, et ses doigts se resserrèrent sur le manche de son arme. S'il y avait une chose qu'il méprisait au monde, c'était ceux qui s'attaquaient à plus faibles qu'eux. C'était quoi leur délire, au juste ? Ils se croyaient vraiment hyper-puissants en écrasant quelqu'un à peine capable de se défendre ? Alcide trouvait ça pathétique. À vomir, même. En tant que Time Keeper, ce n'était pas dans son rôle de jouer les justiciers ou de défendre qui que ce soit. La seule chose qu'il devait défendre, c'était le Temps, et il le savait. Mais cela ne l'empêchait pas de penser que ces hommes, à trois contre une femme, méritaient tout simplement qu'il leur foute son poing en pleine tronche, avant de les castrer tout bonnement en leur tirant entre les jambes.

Deux des hommes relevèrent la femme pour lui enlever sa veste. Et, lorsqu'elle fut debout, Alcide put finalement voir son visage. Ce visage. Comme il le connaissait, ce visage, comme il l'agaçait ! A croire qu'il ne pouvait pas se passer une semaine sans que Vesper ne se retrouve là où Alcide allait. En se rendant compte que c'était elle qui se faisait ainsi agresser, Alcide fut un peu déstabilisé. Il eut un mouvement d'hésitation, qui le poussa à arrêter sa progression vers eux. Depuis trois ans, cette femme s'amusait à le narguer, à le mener en bateau, à lui casser tout bonnement les pieds, pour rester poli. Entre eux, c'était le jeu du chat et de la souris. Un putain de jeu interminable. Et, visiblement, Vesper était ce soir en mauvaise posture. Alcide savait à quel point elle était maligne, à quel point elle savait couvrir ses arrières de sorte qu'il n'ait jamais suffisamment de preuves contre elle. Leur petit jeu de course poursuite pourrait se poursuivre pour une éternité sans qu'il ne parvienne jamais à la démontrer coupable, il le savait. Pourtant, il continuerait de la poursuivre sans jamais abandonner, dans l'espoir qu'un jour peut-être, elle commette une erreur. Et voilà que ce soir, il avait l'opportunité... Non pas d'avoir une preuve contre elle, mais de l'éliminer tout bonnement du jeu. Pas directement, certes, mais il suffisait qu'il rebrousse chemin, et ses agresseurs s'en occuperaient pour lui. Plus de Vesper, plus de jeu, tout cela serait terminé. Et Alcide aurait gagné, en quelque sorte. Enfin débarrassé de son emmerdeuse de première. Finies les fois où devrait se la coltiner dans son bureau, finis les soirs où il devrait lui courir après dans la rue, finie son insupportable voix dans ses oreilles, finis ses sarcasmes, son regard de braise, son sourire vainqueur, finie Vesper. Pour cela, il n'avait qu'une chose à faire. Baisser son arme, et faire demi-tour.

« Je vois que tu as quelque chose qui m'appartient. » Vesper cracha au visage de l'homme, et il le lui rendit en la giflant sans ménagement. Visiblement, cela ne lui faisait ni chaud ni froid de s'attaquer à une femme. L'habitude, peut-être. Sa main droite se posa donc à nouveau sur le bras droit de la voleuse, se rapprochant avec une lenteur immonde de son poignet pour lui dérober le Temps qu'affichait son compteur.

« Je te déconseille d'aller plus loin, mon grand. » La voix grave d'Alcide résonna dans la ruelle, interrompant le geste de l'homme et les surprenant tous, pendant que le Time Keeper pointait son revolver sur la tempe de l'homme. Sans détourner son arme ni son visage, Alcide jeta un simple coup d'oeil aux deux autres pour s'assurer qu'ils ne bougent pas. Puis ses yeux s'arrêtèrent une seconde dans ceux de Vesper, avant de se détourner pour regarder à nouveau l'homme qu'il visait de son arme, un sourire imperceptible sur les lèvres. « Surprise. » On ne sait pas vraiment si cela s'adressait aux agresseurs, ou bien à Vesper. C'était sûrement un peu des deux, mais la façon dont il avait prononcé ce mot, avec une pointe d'ironie, laissait entendre que c'était une pique directement adressée à la jeune femme, bien que les trois lourdeaux ne puissent pas s'en douter. C'était toute la beauté de la chose.

« Lâchez-la. » Les hommes s'exécutèrent, et celui qui semblait être leur chef, et qu'Alcide pointait toujours de son arme, se tourna lentement vers lui pour lui faire face, les deux mains en l'air. Il avait un air de colère noire tatoué sur la figure. « Ne te mêle pas de ça, Time Keeper. J'ai une affaire à régler avec cette garce. » Alcide se mit à sourire sans quitter son interlocuteur des yeux, et il attrapa de sa main libre le bras de Vesper, afin de la ramener contre lui pour la protéger des deux autres. Et s'assurer qu'elle n'en profite pas pour filer, aussi. « Je ne peux pas te laisser faire ça, désolé mon grand. » La façon dont il lui parlait agaçait visiblement le chef, qui devait se sentir cassé dans sa supériorité virile, et tant mieux, car c'était pile ce que voulait Alcide. « Tu comprends, c'est un peu ma garce à moi, et ça m'embêterait que tu me l'abîmes de trop. » Il tenait toujours Vesper contre lui, et il lui jeta un rapide coup d'oeil, avec son sourire moqueur, celui qu'il adorait lui faire parce qu'il savait qu'elle ne le supportait pas. « Il y a pas de quoi. » Fit-il du ton moqueur qui allait de paire avec le sourire.

Chaque parcelles de son corps faisaient souffrir Vesper. Des hématomes devaient déjà être en train de se former sur sa peau, et la douleur était intense. Elle ne se laissait pas aller pour autant, elle avait l'intention de se battre jusqu'au bout même si c'était peine perdue. Ils étaient trois, ils mesuraient au moins deux têtes de plus qu'elle, ils avaient de la force... La briser ne serait pas plus difficile que s'il s'agissait de bois sec. La jeune femme était dos contre le mur, un homme à chaque bras, la tenant fermement et douloureuse. Plus elle se débattait, plus l'étreinte se resserrait, c'était un cercle vicieux. Elle tenta plusieurs fois de frapper l'un de ses agresseurs mais à chaque fois elle le payait amèrement. Quelques secondes plus tard, sa veste couvrait le sol. Les chiffres fluorescents de son compteur éclairaient légèrement ses agresseurs, les rendant encore plus terribles, avec leurs petits sourires en coin. Vesper eut l'impression d'être électrisé lorsque l'homme effleura sa peau. Il allait la vider de son compteur, c'était certain, mais ce n'était pas la seule chose qui l'attendait. Oh non, il allait lui faire payer des pires manières possibles. La jeune femme ne doutaient pas un instant qu'il saurait quoi faire et que déjà les pires idées lui traversaient l'esprit. Il la défia, se jouant d'elle, la voleuse n'eut qu'une réaction suicidaire, elle lui cracha au visage. Le chef de la bande la gifla sans retenue. Du sang se mit à couler de sa lèvre, dont la peau avait craqué sous la violence du choc. Il fallait qu'elle se batte jusqu'au bout, pour ceux qui comptaient sur elle, pour Adam, pour Lullaby et surtout pour sa fierté. Sa foutue fierté mal placée. Il s'amusa doucement à frôler sa peau, se rapprochant dangereusement de l'essence de vie de la jeune femme.

Une voix grave résonna dans la ruelle. Quelqu'un l'avait donc entendu ? La surprise apparut sur le visage de ses agresseurs. Vesper en profita pour frapper l'un d'entre eux au genou sans pour autant avoir le succès espéré. Ils étaient en fer ou quoi ? C'était incroyable... Mais ce qui l'était encore plus fut "son sauveur". Une bonne dizaine de juron lui traversèrent l'esprit : Alcide. Sur le nombre d'habitant et de Time keepers à Dayton, il avait fallu qu'elle tombe sur lui. Même si d'un sens cela ne l'étonnait pas, il se mettait toujours en travers de son chemin. Dans les deux cas elle était prise au piège. Une grimace apparut sur son visage lorsqu'il osa parler de surprise. Le jeune homme la défiait, une pic bien envoyé dans un moment de supériorité. Elle l'insulta dans son esprit, malheureusement elle ne pouvait rien faire. Elle se sentait horriblement faible et vaincu. " Lâchez là." . Ils obéirent mais avec peu de douceur. Vesper eut le temps de se réceptionner approximativement.

La jeune femme n'était pas encore sauvé, bien au contraire. Alcide avait beau avoir la "loi" de son côté, à cette heure cela ne voulait rien dire. Le chef se rebella, il avait une affaire à régler avec Vesper et il n'en démordrait pas, il n'aurait de repos que lorsque le corps de son arnaqueuse sera vidé de chaque secondes qu'elle possède. Ce n'était pas quelqu'un comme l'homme qui lui faisait face qui allait l'empêcher de l'envoyer au Time Out. Le Time Keeper le défia et attrapa la main de la demoiselle et l'attira contre lui. Elle lui lança un regard noir, elle lui devait certainement la vie pour le moment, mais elle n'aimait pas du tout cette façon de faire. Où voulait il qu'elle aille ? Elle avait du mal à ne faire ne serait ce qu'un pas après lui coup de pied de tout à l'heure ! Alors courir... Contre toute attente un léger sourire apparut sur le visage de Vesper, Alcide était en train de prendre sa défense, contre toute attente, mais il était quand même en train de le faire et elle lui en était très reconnaissance. Elle ne réagit même pas lorsqu'il la traita de garce, c'est pour dire ! Le chef recula, s'avouant vaincu pour le moment, il s'adresse à la petite garce : « Tu as de la chance cette fois, mais crois moi, je me vengerai ! » Elle déglutit difficilement à la fois sous la menace qu'il mettrait à exécution et de par l'horrible goût de sang qui se rependait dans sa bouche, elle avait dû se mordre sous la violence des évènements.

Le groupe d'homme se sépara après quelques minutes d'échange de regard noir, de menace et des jurons les plus abjectes. Bientôt ils ne furent que des ombres et des éclats de voix et de frustration. Ils ne pouvaient rien faire contre un Time Keeper ce serait du suicide ! Vesper se retrouvait toujours avec Alcide, pas vraiment saine mais sauve. Ce n'était pas une optique réellement réjouissante mais elle allait survivre à cette entrevue comme à toutes les autres. Sa voix était froide « Tu n'avais pas à te mêler de ça ! Ce n'était pas tes affaires ! ». La prochaine fois ce serait pire. L'homme était vexé, sa fierté avait été endommagé, il voudrait se venger et elle ne pourrait pas lui échapper pendant très longtemps. Elle tenta de se dégager sans résultat. Doucement elle reprit un bon rythme cardiaque et une respiration normale. Au fond d'elle, elle lui était reconnaissante, mais jamais elle ne le reconnaîtrait ! Elle posa une question qui lui brûlait les lèvres : « Pourquoi... Pourquoi m'avoir aidé ? Alors que tu avais plus à gagné à me laisser là... Et ne me dis pas que c'est de l'altruisme ou de la compassion je ne te croirai pas ! ». Il n'avait aucune raison de le faire ! En la laissant mourir ici il gagnait le combat, et il n'aurait eu aucun remords de conscience, les gens de sa profession étaient incapables d'en avoir. Le pire de cette histoire c'était qu'elle lui était redevable. Elle avait une dette envers lui. Du revers de sa main libre, elle tenta d'essuyer le sang :« Tu me lâches maintenant ? ».

« Tu as de la chance cette fois, mais crois moi, je me vengerai ! » Alcide leva les yeux au ciel en entendant la menace proférée à l'encontre de Vesper. Qu'est-ce qu'il pouvait en avoir marre, de ce genre d'hommes pseudo-chefs de gang, dont les membres sont prêts à changer de leader comme de chemise, pourvu que celui-ci ait plus de temps et d'influence que le précédant. Ces types n'avaient pas la moindre idée de ce qu'était la loyauté. Mais, à part ça, ils s'estimaient suffisamment puissants et déterminés pour mener une véritable vendetta à travers la ville. Bien sûr. Et lui, bien entendu, allait les laisser joyeusement faire. Bienvenue à Dayton, le nouveau pays des Bisounours. « C'est ça, on te croit. Allez, dégage... Profites-en, je te laisse un peu d'avance. » Enfin, Alcide abaissa son arme, pour arrêter de menacer directement le grand caïd, histoire qu'il puisse déguerpir avec ses deux larbins sans se faire dessus à l'idée que le vilain Time Keeper puisse leur tirer dans le dos. Manifestement, les trois hommes n'aimaient vraiment pas la façon de faire d'Alcide. Son espèce d'assurance détachée, de certitude inébranlable qu'il était supérieur à eux, cette totale absence de peur aussi bien dans son regard que dans sa voix. Ils étaient trois, lui était seul. Alcide aurait très bien pu être hésitant, face à la situation, et ne pas se sentir si sûr-de-lui de s'en tirer sans encombres. Mais deux choses l'en persuadaient : premièrement, c'était lui qui avait une arme chargée, pas eux. Et deuxièmement, tout était dans l'attitude. On voit en l'autre ce qu'il choisit de nous montrer. Si Alcide s'était ramené tout hésitant, tout stressé à l'idée qu'ils soient plus nombreux que lui, bien sûr qu'ils l'auraient vu et qu'ils auraient pu en tirer avantage pour renverser la situation. Or, il se montrait à eux comme un homme de sang froid, en contrôle, et donc potentiellement dangereux pour leurs miches. Il faut avoir du caractère, pour être un bon Time Keeper, Alcide en est persuadé. Surtout si on compte survivre plus d'une nuit à Dayton. Finalement, les trois hommes partirent. A peine furent-ils éloignés qu'Alcide s'empara de son téléphone portable pour signaler leur position à une patrouille de Time Keepers se trouvant un peu plus loin, et qui se ferait un plaisir de les arrêter. Quoi ? Vous ne pensiez tout de même pas qu'il allait les laisser tranquillement vivre leurs petites vies dans leur coin après les avoir vus agresser quelqu'un ? C'est presque touchant, tant de naïveté.

« Tu n'avais pas à te mêler de ça ! Ce n'était pas tes affaires ! » Un insupportable frisson lui parcourut l'échine. Il l'avait presque oubliée, celle-là. Il se tourna vers elle, baissant la tête dans sa direction parce qu'à côté de son mètre quatre-vingt-cinq elle ressemblait à une naine. Un air moqueur anima les traits de son visage pendant qu'il lui répondit, sarcastique. « Oh excuse-moi, tu veux peut-être que je les rappelle, histoire qu'ils finissent ce qu'ils avaient si bien commencé ? C'est vrai que je les ai interrompus un peu vite, dommage qu'ils n'aient pas eu le temps de profiter un peu de ton beau petit postérieur avant de te faire Time Out ! » Il espérait qu'elle ne relèverait pas le "beau petit". Manquerait plus qu'elle croit qu'il apprécie la fermeté de ses fesses. Ce qui était le cas, certes, mais ce serait vraiment gerbant de l'avouer. « Pourquoi... Pourquoi m'avoir aidée ? Alors que tu avais plus à gagner à me laisser là... Et ne me dis pas que c'est de l'altruisme ou de la compassion je ne te croirai pas ! » Alcide se renfrogna. Elle faisait chier, avec ses questions. Elle pouvait pas la boucler cinq minutes ?... Il n'avait pas envie de lui répondre. Il avait fallu qu'elle lui demande LA chose qui l'embarrassait. Car, à vrai dire, il avait longuement hésité avant d'intervenir. Et puis, il avait craqué. Comme ça, sur un coup de tête, dans le feu de l'action. Pourquoi ?... Il aurait pu être débarrassé pour toujours de son emmerdeuse attitrée, à l'heure qu'il est, et il s'était pourtant retrouvé à la sauver. « Tu as raison, je suis le roi des enfoirés, compassion et altruisme, je connais pas. Toi en revanche, tu es une sainte à qui ils s'en sont pris complètement par hasard. Pauvre choute. » Voilà, comme ça, il évitait la question. Il n'avait vraiment pas envie de se justifier auprès d'elle. Ça l'agaçait. Il n'avait aucun compte à lui rendre, après tout. « Tu me lâches maintenant ? » « Non. » Plutôt que de la lâcher, il prit son visage dans sa main, avec une sorte de douceur étrange, qui contrastait parfaitement avec toutes les saloperies qu'il avait toujours pu lui dire. Son regard se posa sur sa lèvre éclatée et en sang. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il l'avait sauvée, merde ? Du bout de son pouce, il essuya un peu de sang qui coulait encore de sa plaie. « L'honneur, ça te dit quelque chose ?... Quel mérite j'aurais eu, de te laisser crever là ? Aucun. S'il y a un type à Dayton qui a le droit de te faire Time Out, c'est moi. Pas question que je laisse le premier connard venu m'enlever ça. Satisfaite ? » Voilà, il lui avait dit. C'était sûrement étrange, mais Vesper avait beau l'agacer et pire encore, elle lui appartenait, en quelque sorte. C'était son emmerdeuse. Sa voleuse de temps. Et il voulait obtenir sa victoire sur elle de ses propres mains, pas grâce à un petit péquenaud revanchard. Et, même s'il ne l'avouerait jamais, s'il y avait une chose au monde qui l'agaçait plus que Vesper, c'était l'idée de ne plus jamais l'avoir dans les parages pour lui casser les pieds. Voilà... Voilà pourquoi il l'avait sauvée.

Il garda son visage contre sa paume une seconde de plus. Comme toujours lorsque ces deux-là se retrouvaient au même endroit, il y avait une tension palpable dans l'air. Comme un courant électrique et des milliers d'étincelles autour d'eux. Et puis, sans prévenir et sans ménagement, il retira sa main de sa joue et l'attrapa par le poignet pour la traîner à sa suite. Comment casser d'un coup toute la tension du moment.

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Après une bonne dizaine de minutes, ils arrivèrent au centre médical, là où Alcide avait décidé de traîner Vesper. La douceur avec laquelle il avait touché sa peau tout à l'heure avait totalement disparu. Le Time Keeper la fit s'asseoir sur un des lits du centre, aménagé comme une sorte de grande infirmerie, et il prit le nécessaire pour soigner ses plaies. Il s'assit en face d'elle sur un tabouret, et approcha de sa lèvre abîmée un coton imbibé d'alcool. « T'as le chic pour te foutre dans des galères pas croyables. T'en as pas marre ? »

Vesper ne sourcilla pas lorsqu'on la menaça. Ce n'était pas le premier à la menacer, à lui hurler des insultes, il n'était pas non plus sa première victime dangereuse. Elle ne comptait plus le nombre de bleu et blessures en tout genre qui avaient marqué quelques temps son corps après ce genre d'accrochage. Pourtant même si elle ne l'avait pas montré, même si jamais elle ne l'avouerait, elle avait eu peur cette fois. Le time Out était proche jusqu'à ce qu'Alcide prenne sa défense. D'ailleurs elle en était encore bouche bée : Pourquoi avait-il fait ça ? Il la détestait c'était bien connu ... Mais il venait de lui sauver la vie en quelque sorte. Elle ne comprenait pas, ça défiait toutes logiques ... Maintenant elle lui était redevable, cette idée lui procura un frisson le long de son échine. Oui, ce n'était vraiment pas sa nuit ! Les agresseurs tentèrent encore une fois de jouer les gros caïds, mais lorsqu'ils eurent l'occasion de déguerpir, ils ne se firent pas prier. Ils n'étaient plus que tous les deux, en tête à tête.

Jusque là calme, La jeune voleuse tenta de se libérer à nouveau, se tordant légèrement le poignet. Elle n'avait aucune envie de rester en sa compagnie connaissant d'avance la suite des évènements. Comme toujours, il y aurait une bataille acharnée dont personne n'en sortira vainqueur, ils auront perdus énormément de temps pour rien. Pourtant Vesper n'était pas si mécontente que le sort le mette toujours en travers de son chemin ! Quoi il fallait avouer, il était plutôt mignon et avait le sens du jeu et du défi. Malheureusement il était insupportable, énervant... et on peut continuer ainsi pendant des heures ! Le regard de la jeune femme se noircit lorsqu'elle l'entendit. Il ne s'attendait quand même pas à ce qu'elle le remercie ? Elle aurait très bien pu se débrouiller seule, elle le savait ! Elle n'avait besoin de personne et surtout pas d'un Time Keeper de son espèce. Au fond d'elle, elle était reconnaissante, mais l'avouer la tuerait certainement. C'est ainsi qu'une question commença à lui brûler les lèvres. Il n'avait aucune raison. Dans une impulsion, elle lui posa la question. Vesper avait d'elle-même éliminé la compassion et l'altruisme. Depuis la mort d'Adam sa vision des TimeKeepers était des plus noirs, ils rependaient la mort alors que les habitants de cette zone ne tentaient que de survivre ! Ils étaient des assassins légaux ni plus ni moins et ne valaient pas mieux que les membres du pseudo-gang précédent. Elle ne le quittait pas des yeux, avec un petit air hautain qui lui était naturel en sa présence. « Tu as raison, je suis le roi des enfoirés, compassion et altruisme, je connais pas. Toi en revanche, tu es une sainte à qui ils s'en sont pris complètement par hasard. Pauvre choute. » . Vesper serra les dents, bien décidé à ne pas se laisser faire, même si elle n'était pas en position de force : _" Tu es loin d'être mieux que moi !" Elle ne s'était pas embêté à répondre avec la même ironie, les mêmes sous-entendus, fonçant dans le tas sans réfléchir.

La respiration de Vesper se coupa quelques centièmes de secondes alors que la main d'Alcide frôla la peau de sa joue. Ce geste la perturba et la surprise se lut sur son visage un court instant. Elle avait une irrésistible envie de baisser les yeux comme une adolescente gênée. Elle méritait des claques ! L’ambiguïté de leur relation apparut au grand jour sans crier garde . Un léger sourire, avec un soupçon de défi s'afficha sur son visage : _" On peut dire ça. " . Mais subissait-il réellement un pic de jalousie ou se moquait-il d'elle une fois de plus ? Pour la première fois depuis leur première rencontre, elle n'avait aucune certitude. Tous les deux voulaient gagner cette bataille silencieuse, prendre le dessus, le pouvoir... jusqu'à posséder l'autre ! Impossible pour ces deux forces de caractères. La tension retomba rapidement alors qu'il lui saisit le poignet. Elle venait de louper une possibilité de s'enfuir, peut-être la seule avant longtemps.

Quelques minutes plus tard - Le centre médical

Alcide l'avait traîné dans le centre médical sans ménagement. Elle avait beau protester, rien à faire, elle n'avait pas le choix et aucune chance de lui faire changer d'avis. Les dégâts n'étaient pas si importants, même si Vesper devait avoir une tête horrible avec sa lèvre éclatée et le sang qui couvrait la peau de son visage. Elle s'assit sur un lit, le jeune homme face à elle, entrain de prendre de quoi soigner les plaies. Elle en profita pour observer les alentours, l'endroit était assez grand, plutôt calme. Un espèce de grognement et un cri de douleur ravalé s'échappa de sa bouche, n'exprimant pas le fond de sa pensée. La douceur avait totalement disparue des gestes. Le coton venait de frôler la plaie. _" Pourquoi ce serait le cas ? C'est le meilleur moyen de pimenter un peu ma vie si calme après tout ! " C'était de l'ironie et elle se fichait de lui sans détour. S'il y avait bien un seul endroit où la vie n'était ni douce ni calme c'était bien Dayton. _" Et puis ce n'était pas comme si les petits caïds étaient difficiles à trouver... Peut-être que je les attires après tout ! "